Allons-y!
Cet épisode lance définitivement la "routine" de la saison et, comme de bien entendu dès qu'il s'agira d'abondance, se centre sur Hurley, dans une situation bien délicate... Les flash-backs, à l'instar de ce qui se fera tout au long de cette saison (probablement la plus explicite de toutes sur ce point), font un parfait écho à ce qui est en train de se passer...et expliquent enfin pourquoi Hurley, qui obtient toujours ce qu'il veut, redoute par-dessus tout le rôle du chef. Car ce titre est pour lui synonyme de malheur humain: dès qu'il devient riche il perd tous ses amis (il n'est pas question ici de la "malédiction", ou seulement de façon indirecte), il doit prendre des décisions déplaisantes pour le bien du groupe (l'aventure Charlie est tout à fait explicite sur ce point). On touche peut-être ici sinon à un défaut du moins à une insuffisance de ce personnage: à force de faire ami-ami avec tout le monde on devient "bonne pomme"...et ce rôle n'est peut-être pas si déplaisant que ça. Sauf que, et Hurley le sait bien, il ne peut pas marcher sur le long terme... J'ai été leader de mouvements lycéens, et prendre une décision impopulaire ne me faisait pas peur...car précisément j'étais "catalogué" comme leader, donc on me respectait (jamais je n'aurais accepté ce que fait Kate dans l'épisode! ça m'a hérissé le poil!..). Or Hurley, lui, n'est
pas respecté (du moins pas encore)...et il se tourne naturellement vers la maman, Rose, pour qu'elle lui donne des conseils et l'empêche de faire une grosse bêtise...
Charlie et Kate, eux, agissent clairement en égoïstes. Certes, "ce n'est pas grand-chose" en soi...mais c'est néanmoins un système de privilège! relents d'enfant chez Charlie, relents de certitude d'être moralement supérieure aux autres et donc d'avoir certains droits chez Kate. En disant "stop!" Hurley évite de justesse le conflit social...
De l'autre-côté de l'île, ça va mal pour Sawyer qui se trouve un adversaire à sa mesure avec Ana Lucia: lui qui passe son temps à défier l'autorité trouve à qui parler, avec ce personnage d'aspect buté et dictatorial, image qui commence juste à se nuancer lorsqu'on voit l'état du groupe réfugié à la Flèche: qu'ont-ils pu subir pour être aussi terrifiés et aussi "réduits"?..
Dans le bunker, Sayïd fait son travail d'ingénieur et suggère une forte énergie contenue dans la masse de béton: d'aucuns (dont certains spectateurs) auraient pu s'en souvenir...mais je remarque que c'est aussi cette découverte qui "assouplira" Jack (même si le processus durera un peu longtemps...) et le fera appuyer sur le bouton sans beaucoup broncher...
Jackounet* est le dernier à être mis à l'honneur, discrètement mais magnifiquement: il se comportera en chef très "cool", écoutera Hurley sans être ni déçu ni "père-la-morale", tout au contraire: leur complicité conduira à cette belle petite fête nocturne, espèce de guinguette sans accordéon où tout le monde retrouve le sourire...ou presque...
Car un personnage est véritablement en détresse, et ce de façon de plus en plus visible: Suninette*. Découvrant la bouteille elle est persuadée qu'un malheur est arrivé à Jin, refuse d'en parler au risque d'exploser définitivement...et on voudrait lui dire de ne pas s'inquiéter, que Jin va (relativement) bien, n'étant ni blessé, ni particulièrement inquiet (il est même de loin le mieux en point des trois naufragés du radeau). Mais la pauvre n'a aucun moyen de le savoir, enterre la bouteille...annonçant l'épisode suivant
...
Alors, j'ai bon? qui enchaîne?..
*: j'espère que vous ne m'en voudrez pas d'utiliser de petits surnoms: c'est que j'ai fini par me les aimer ces personnages...