Même jour, mais le soir: le groupe A va accoucher de son verdict et répondre à la question: qui accompagnera le Brésil en huitièmes de finale? A Marseille le Brésil affronte dans un match sans enjeu pour lui la Norvège qui, elle, peut se qualifier avec un nul...mais en misant sur un nul sans but entre écossais et marocains: la victoire est plus que recommandée pour les nordiques car, à Saint-Etienne, les deux équipes vont devoir jouer pour gagner dans une compétition où pour le moment l'Ecosse a fait meilleure impression. J'ai dit que le match de Marseille était sans enjeu pour le Brésil, pourtant Mario Zagallo a envoyé son équipe une au grand complet: les brésiliens veulent en-effet se venger de la défaite concédée à Oslo en amical quelques mois plus tôt (4 à 2) et ont une réputation à soutenir face aux autres prétendants au titre: la match ne sera pas faussé, ce qui, compte tenu également des limites affichées par les norvégiens dans les précédentes rencontres, ne permet à personne de s'illusionner sur les chances des nordiques: la qualification va se jouer à Saint-Etienne, entre l'Ecosse et le Maroc.
Les matchs commencent simultanément et prennent deux tournants quelque peu différents: si à Geoffroy Guichard les deux équipes observent pendant quelques minutes un certain round d'observation, ce n'est pas le cas à Marseille où les norvégiens tentent d'emblée d'attaquer: ils n'ont rien à perdre alors ils font de leur mieux pour ne rien regretter mais les brésiliens ne s'affolent pas et montrent eux-aussi leurs intentions, intentions qui se précisent aux environs du quart d'heure: le Brésil attaque et tente de mettre sa patte sur le match. Mais les norvégiens résistent bien et font montre d'une remarquable solidarité et d'une assez belle capacité à perturber les auriverde dans leur jeu de passe. Techniquement le match est plus que correct: la Norvège fait sa meilleure prestation depuis le début de la compétition et soutient le très haut rythme global sans faiblir, et même en l'imposant dès qu'elle le peut... Pendant ce temps-là, à Saint-Etienne, le round d'observation est fini depuis longtemps...et c'est la Maroc qui a pris les devants! Retrouvant toutes leurs sensations du premier match, et avec cette hargne supplémentaire que procure seul le match à élimination directe, les marocains ont mis leur patte sur le match, imposé aux écossais un défi technique dans lequel ils n'ont pas _ou peu_ de répondant, avec des feintes totalement atypiques et des moments brefs de grâce collective où l'instinct de quelques joueurs fait la différence. Cela n'a pas tardé à payer: à la vingt-deuxième minute, un appel dans le dos en diagonale de Bassir lui permet de fusiller en force le vieux Leighton. 0-1! Bassir et ce faisait récompensé de ses efforts: c'est en-effet lui qui impulse l'équipe, qui la pousse à aller de l'avant, et ça marche! Les écossais tentent bien de réagir, se créent quelques occasions, mais d'une façon générale l'équipe semble empruntée, apathique, presque perdue sur le terrain. Un seul se montre à la hauteur et inquiète réellement les marocains: Craig Burley, le buteur du précédent match teint en blond pour l'occasion. Il essaie de bouger et de défier le Maroc physiquement, fait montre de beaucoup de générosité, mais il est peu soutenu... A Marseille, à partir de la demi-heure, la Norvège tente de passer au niveau supérieur avec en point de mire son puissant attaquant Tore-Andre Flo qui perturbe l'arrière-garde brésilienne et qui crée de bonnes occasions, hélas sans réussite. le risque d'une telle tactique, face à des brésiliens redoutables dans ce secteur (avec un Roberto Carlos en grande forme), c'est précisément de se faire prendre en contre... Mais à la mi-temps, à 1-0 pour la Maroc et 0-0 de leur côté, c'est un risque à prendre pour le norvégiens...
Et l'impression se confirme en début de deuxième mi-temps: alors que le Brésil réattaque en trombe et rate de justesse plusieurs occasions, l'Ecosse craque une deuxième fois face aux assauts marocains: Bassir lance Hadda qui, voyant Leighton avancé, tente de le lober. Le gardien écossais touche la balle mais ne peut revenir à temps pour l'empêcher de pénétrer dans son but (son retour à toutes berzingues dans de filets où il se vautre a quelque-chose de pathétique et de symbolique du match). 0-2 et sept minutes plus tard, alors qu'on ne voit plus que lui côté écossais, son excès e générosité fait commettre une dangereuse faute à Craig Burley: carton rouge: il n'y a plus aucun espoir pour les écossais. Le Maroc s'amuse, le Maroc régale le public, le Maroc joue bien, le Maroc fait joujou: le Maroc remplit son contrat haut la main face à des écossais très décevants qui ont en fait rapidement rendu le armes. Fès lors il n'y a plus le choix pour les norvégiens: il faut attaquer, quitte à jouer contre-nature, quitte à ne même plus avoir peur des contres brésiliens. A vingt minutes de la fin les efforts des norvégiens prennent un tour à la fois grandiose et pathétique: Flo se crée des occasions qu'il manque d'un cheveu, Solskjaer, diminué, rentre sur le terrain...et ce qui devait arriver arrive: Denilson part en dribles, évite trois défenseurs et centre au deuxième poteau où Bebeto n'a plus qu'à placer sa tête pour ouvrir le score: 1-0, nous jouons la 78ème minute. Certes les brésiliens ont plus souffert qu'annoncé, mais ils ne se sont pas affolés et ont agi en tueurs au bon moment. Mais, poussée par la dernière énergie, la Norvège n'abdique pas: sur une longue ouverture, Tore-Andre Flo pénètre dans la surface, élimine d'un crochet Junior Baiano, et fusille Taffarel: 1-1, ça a été beau mais le but arrive trop tard: il ne reste que sept minutes à jouer. Retour à Saint-Etienne où la Maroc, depuis quelques minutes, semble s'être fait un devoir de fêter sa qualification en beauté et multiplie les attaques et les occasions, et une action toute de vrilles, de coups du sombrero, de redoublements géniaux et de frappe surpuissante, permet à Bassir de signer son doublé t de donner au score l'allure de ce que le math a été pour les écossais: une déroute!0-3: les marocains s'étreignent mais, une minute! qu'est-ce que je vois, là? au stade Vélodrome?! C'est un pénalty??? Oui: pénalty! Pénalty pour la Norvège! Personne ne comprend: il n'y avait pas faute, ça non! On ne peut pas décider du sort d'un match sur une pareille embrouille! Ce que nous ignorons alors, qu'une caméra de la télévision suédoise prouvera trois jour plus tard (et que nous aurions pu entrevoir en direct), c'est qu'il y avait bien faute. Voici l'action: sur un centre de Leonardhsen, Tore-Andre Flo s'apprête à s'élever pour placer une tête, mais juste au moment où il prend son élan Junior Baiano le retient par le maillot. Oh, pas beaucoup mais juste assez pour le priver de toute impulsion, et l'arbitre, lui, l'avait bien vu: le Pénalty était justifié! Reckdal le frappe en force et marque: 1-2! Incroyable!!! La Norvège réussit l'exploit impensable et se qualifie pour les huitièmes de finale! Pour les marocains le choc est terrible: on a mal pour eux tant ils nous ont régalé ce soir, mais plus tard on se rappellera qu'au premier match ils ont encaissé deux buts stupides qui les ont fait concéder un nul très évitable: c'est là qu'ils ont perdu leur qualification... Et quoi qu'il en soit la Norvège n'a pas volé son match du tout: sa victoire historique est parfaitement méritée (il serait temps de lui rendre cette grâce) et le match a été d'une intensité rare! Et c'est sur cette soirée hallucinante que se conclut ce groupe A sur la classement suivant:
1: Brésil
2: Norvège
3: Maroc
4: Ecosse