Les irréductibles de Lost
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Sur l'air d'"I Will Survive"...

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26Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Lun 22 Juin 2015 - 14:27

Sudena



25 juin après-midi: le groupe E s'apprête à rendre son verdict. Au Parc des Princes la Belgique affronte la Corée du Sud, déjà éliminée, tandis qu'à Geoffroy Guichard les Pays Bas et le Mexique doivent tous les deux se rencontrer avec une obligation de résultat. Car il y a de l'enjeu partout: à Paris les belges doivent gagner et avec le plus d'écart possible pour éviter les mauvaises surprises (plus de deux buts pour être assurés du fait), un nul ou une défaite les éliminant; à Saint-Etienne les hollandais peuvent se contenter d'un nul mais seule la victoire leur garantit la première place, tandis que les mexicains jouent leur va-tout avec une victoire très souhaitable et une possibilité de qualification en cas de non-victoire si les belges ne gagnent pas avec un écart suffisant. Pour les deux équipes la défaite semble interdite bien qu'elle ne soit pas forcément éliminatoire, mais personne ne doute que les belges vont faire le boulot face aux sud-coréens: on s'attend à être passionnés, on le sera...

Les matchs débutent à cent à l'heure, sans round d'observation, et dès la quatrième minute les Pays Bas ouvrent le score sur une frappe croisée de Cocu lancé en profondeur. 1-0! Cette ouverture du score stimule encore plus l'énergie des belges qui dominent outrageusement le début de leur match. 7ème minute: après un corner et une première tête repoussée sur le ligne, Nilis, en embuscade, catapulte le ballon ans les filets coréens: 1-0 et on sent déjà que la qualification se dessine pour les équipe bataves. De fait les belges continuent leur pressing, mais au fil des minutes leur énergie retombe quelque-peu... A Saint-Etienne le match est splendide: loin d'être découragés par l'ouverture du score précoce, les mexicains jouent offensif, essaient de combiner et de se porter sur les buts de Van der Sar. Mais ces hollandais sont forts, très forts: leur tactique d'accélération sur les côtés fait merveille, leur milieu est divin et les attaquants, Berkamp en tête, ne rechignent pas au boulot défensif... Le match est équilibré, très équilibré, mais on sent les hollandais en confiance: ils n'ont pas abordé ce match en imaginant une seule minute qu'ils puissent être éliminés et leur jeu collectif n'a d'égale que le savoir-faire technique et la volonté des mexicains. 19ème minute: Ronald de Boer, eu milieu de la défense mexicaine, réussit à trouver le trou de souris et à doubler la mise d'une frappe croisée imparable qui touche le poteau avant de rentrer. 2-0: les Pays Bas assurent leur première place...et donnent un sérieux coup de main aux belges. Car à-partir de la vingtième minute, le match de Paris sombre dans les imprécisions et une qualité technique parfois déplorable: la Belgique n'est pas en forme, elle se repose sur son avantage mais tombe dans la routine de façon parfois grossière en ratant des gestes faciles. Doucement les coréens sortent de leur torpeur et tentent de titiller la défense: ils jouent le jeu, leurs efforts sont méritoires et donnent de l'intérêt à un match qui souffre de la comparaison avec un Pays Bas-Mexique toujours de toute beauté: les deux buts hollandais n'ont pas fait baisser d'un iota l'intensité: les mexicains y croient toujours et se créent des occasions avec leur jeu atypique si attachant. La mi-temps est atteinte ainsi: 2-0 pour les Pays Bas face au Mexique, 1-0 pour la Belgique face à la Corée du Sud: on sent bien ce qui va arriver et déjà on regrette ce si beau Mexique et son merveilleux jeu.
La deuxième mi-temps commence sur le même rythme dans les deux stades: ennuyeux à mourir à Paris, génial à Saint-Etienne. Les mexicains ratent parfois d'un cheveu la réduction du score, les hollandais sont eux-aussi à deux doigt de donner à leur victoire des accents de triomphe... Au Parc des Princes en-revanche, le match change quelque peu de physionomie, confirmant en fait une étrange impression qui traine depuis la demi-heure: la Corée du Sud domine, domine réellement, ce match: elle se crée des occasions, elle attaque, et les belges restent d'une impressionnante apathie: pour eux leur part du boulot est faite, les hollandais s'étant chargés du reste. Mais la fin des matchs va redonner encore des couleurs à ce groupe fou où rien n'est acquis d'avance... Ca commence par un coup de tonnerre: 72ème minute, coup franc excentré de Ha Seok Ju repris au deuxième poteau par le capitaine Yoo San Chu en extension qui égalise! 1-1: mérité! Et trois minutes plus tard, à Saint-Etienne, corner de Villa, tête croisée de Pelaez dont le rebond trompe Van der Sar: le Mexique réduit le score! 2-1 et la chose incroyable est en train de se passer: à cet instant la Belgique est éliminée. Les belges doivent pousser! mais ils sont amorphes, incapables d'enchainer correctement et de penser une action collectivement: les coréens sont à deux doigts de prendre l'avantage sur des contres!.. Sauf que dans le même temps les mexicains, eux, jouent le jeu jusqu'au bout: ils savent qu'un nul a désormais de grandes chances de les qualifier et ils se disent qu'attendre la contre-performance des autres n'est pas un bon plan. Merveilleux joueurs! Merveilleuse équipe! Merveilleuse tactique que celle 'attaquer sous peine de s'exposer à des contres. Campos, le gardien libéro, annihile deux trois contres dans l'œuf en sortant très loin de sa surface comme il en a l'habitude, les belges essaient d'attaquer mais n'y arrivent pas, l'excès de volonté de Ramirez lui vaut un carton rouge à une minute de la fin, mais les coréens tiennent sans broncher leur demi-exploit. Arrêts de jeu: malgré son infériorité numérique le Mexique essaie toujours d'attaquer, de Wilde est monté dans la surface sud-coréenne sans résultat ni occasion, et au fin fond des arrêts de jeu, à la 95ème minute, le Mexique réussit l'impensable: à la lutte avec deux défenseurs, Hernandez glisse le ballon dans les buts de Van der Sar sur un pointu du gauche en extension: c'est fait! 2-2 score final! Le Mexique est qualifié et ce n'est pas une qualification par défaut mais bien une formidable justice acquise au bout du suspense après avoir été mené 2-0! Les hollandais, eux, fêtent leur première place: dans ce groupe fabuleux ils sont su prouver qu'ils étaient les meilleurs et se placent avec un statut enviable sur la ligne des huitièmes. Les belges sortent par la petite porte, victimes de leur médiocrité et de leur arrogance; les coréens peuvent légitimement être fiers d'eux: éliminés ils ont joué le jeu et ont effacé leur humiliation du précédent match: c'est beau! Ce qui nous donne le classement suivant:



1: Pays Bas
2: Mexique
3: Belgique
4: Corée du Sud

27Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Jeu 10 Sep 2015 - 17:35

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Le même soir, le groupe F accoucha de sa conclusion. Etats-Unis-Yougoslavie à Nantes, Allemagne-Iran à Montpellier. Le seul enjeu était la très mince chance de l'Iran de se qualifier en cas de victoire dans un stade de la Mosson où des supporters allemands avaient déployé une grande banderole "Pardon Franckreich" en souvenir des carnages de hooligans. Ce fut bien la seule chose mémorable de ce match ennuyeux à mourir qui vit en deuxième mi-temps les allemands marquer sur deux têtes de leurs attaquants Bierhoff et Klinsmann et s'assurer la première place sur ce score de 2-0: lamentable et à oublier... A défaut de relever le niveau d'un groupe chiant comme la pluie, Etats-Unis-Yougoslavie fut un match regardable sans déplaisir avec une vraie volonté des américains déjà éliminés de sauver l'honneur et des yougoslaves perturbés mais qui jouèrent le jeu ce qui donna un spectacle certes pas grandiose mais à peu près digne. La Yougoslavie ouvrit le score sur une tête dans un angle impossible de Komljenovic dès la troisième minute et le score ne bougea plus: 0-1...allez pour ce groupe c'était du bon boulot. Et c'est ainsi que le plus ennuyeux groupe de la compétition se solda par un classement somme toutes assez attendu:







1: Allemagne

2: Yougoslavie

3: Iran

4: Etats-Unis

28Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Ven 11 Sep 2015 - 15:26

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26 juin dans l'après-midi. Les enjeux de cette dernière journée du groupe H sont assez réduits: Japon-Jamaïque à Lyon est le match pour éviter la dernière place, Argentins-Croatie à Bordeaux pour décrocher la première. Le premier match sera agréable, offensif, totalement dominé par les japonais...et finalement gagné à la surprise générale, contre toute logique et contre toute justice, par les jamaïcains sur un doublé de Widmore qui marqua juste avant et juste après la mi-temps. La réduction du score de Nakayama ne changea rien: 1-2 score final, c'était sévère pour les japonais et pas franchement mérité pour des jamaïcains miraculés dont les joueurs n'avaient été qu'un pâle écho à leurs supporters... Heureusement le match de Bordeaux tint, lui, toutes ses promesses malgré le peu d'enjeu et une Argentine un peu remaniée qui domina son sujet, faisant admirer l'étendue de sa technique individuelle et collective. Servi par Gallardo, Pineda marqua le seul but du match sur un magnifique enchaînement contrôle poitrine frappe du gauche. Les croates jouèrent leur chance à fond, touchant la barre par Vlaovic, mais ne parvenant jamais à brider cette Argentine aux multiples possibilités qui eut plusieurs occasions de doubler la mise et qui sut préserver sa cage en fin de match: la Croatie semblait en fait au bout de ses possibilités et de ses idées, ne possédant pas de vrai plan B. Peut-être était-ce dû en partie au manque d'enjeu du match, peut-être aussi aux ressources très nombreuses des argentins qui quittèrent ce premier tour sans avoir encaissé le moindre but. Le niveau était en tout cas relevé, assez pour affirmer que ces deux équipes avaient largement leur place dans ces huitièmes de finale, particulièrement l'Argentine qui s'affirmait comme une prétendante au titre plus que sérieuse... Et c'est ainsi que ce groupe H fut conclu par le classement suivant:


1: Argentine
2: Croatie
3: Jamaïque
4: Japon

29Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Lun 26 Oct 2015 - 19:13

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Le même soir le groupe G accouche de son verdict. Roumanie-Tunisie au Stade de France, Colombie-Angleterre à Bollaert, le deuxième match est un seizième de finale qui ne veut pas dire son nom...et on n'a pas le moindre round d'observation. Fait surprenant c'est à Saint-Denis que ça part le plus fort: les roumains, teints en blond pour l'occasion, sont surpris par l'entame de match tunisienne, des Aigles de Carthage qui se créent rapidement une première occasion avant d'obtenir un pénalty à la dixième, transformé par Souhaya. Mais du côté de Lens ça part tout aussi fort et c'est l'Angleterre qui régale. Vexés par leur défaite lors du match précédent, les anglais donnent un récital d'engagement et se montrent enfin à l'aise techniquement, sous l'égide du jeune Beckham, chéri de ces dames, qui est partout sur le terrain et brille de mille feux. Un autre joueur, plus discret, qui écrase les colombiens, est Tony Adams, le défenseur qui étouffe Preciado et qui rend vain le travail de Valderama. A la vingtième minute, le tout aussi précieux Darren Anderton ouvre le score sur une frappe splendide en pleine lucarne dans un angle fermé: 0-1. Le match est splendide mais tourne à la démonstration de force... A la demi-heure, Beckham, d'un maître coup-franc, double la mise. Pendant ce temps à Saint-Denis, la Roumanie a laissé passer l'orage et se montre de plus en plus dangereuse, sans succès jusqu'à la mi-temps, ce qui donne pour l'instant la première place à l'Angleterre. La deuxième mi-temps est du même acabit: le match de Lens est sublime et l'Angleterre manque d'un rien de marquer un ou deux buts de plus. Malgré une résistance et une volonté admirables les colombiens s'éteignent: ils n'avaient pas leur place en huitième. A Saint-Denis il faut attendre la 72ème pour que la Roumanie égalise sur une action confuse conclue par une volée de Moldovan le futur nantais: 1-1, mérité. Les roumains, comme les anglais, auraient pu prétendre à mieux en fin de match mais le résultat d'un groupe qui nous aura régalé sans faire de bruit reflète la logique sportive la plus pure:


1: Roumanie
2: Angleterre
3: Colombie
4: Tunisie

30Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Dim 31 Jan 2016 - 22:27

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27 juin. Il fait chaud, très chaud, sur Marseille au moment d'ouvrir les matchs à élimination diracte. Italie-Norvège pour commencer. Après leur exploit face au Brésil les norvégiens rêvent légitimement d'un autre exploit dans le même lieu... Mais face à l'Italie on voit mal coment ils pourraient jouer l'attaque à tout va, tactique qu'ils adopté avec de surprenants résultats depuis quelques mois mais qui d'une part ne leur est pas naturelle et d'autre part conviendrait parfaitement à la solidissime Squdra Azzura. En fait les deux équipes se ressemblent: tactiques, défensives, vaillantes et intelligentes, elles proposent un bloc compact très impliqué mais sans fantaisie, avec un attaquant de pointe vedette qui doit supporter presque à lui tout seul le jeu offensif. Sur ce point l'Italie semble avoir un avantage: Vieri est toujours bien aidé par Del Piero, ses milieux peuvent se montrer polyvalents, tandis que la Norvège doit compter quasiment sur le seul Flo, Solskjaer étant sur le banc, fortement diminué par sa blessure. On attend un match défensif sinon soporifique avec une Italie favorite tant elle parait plus forte dans tous les domaines... Et le début confirme les pronostics: les italiens prennent le match à leur compte, profitant d'une maîtrise technique supérieure, mais les deux équipes sont excessivment prudentes et semblent guetter la faille plus que chercher à la provoquer. Tactiquement c'est envoûtant, techniquement et physiquement c'est tout à fait corrects, mais que le rythme est lent!.. Vers le quart d'heure les norvégiens se portent un peu plus à l'attaque et Flo se crée une occasion sur une frappe lointaine bien repoussée par Pagliuca. S'ensuit une période de domination nordique...brutalement interrompue par une contre-attaque fulgurante à la dix huitième minute où Vieri est trouvé dans l'intervalle et croise parfaitement sa frappe. 1-0: l'Italie a réussi à piéger son adversaire. Une fois. Mais dans ce type de match c'est souvent la bonne... La fin de la première mi-temps est maîtrisée souvent dominée par l'Italie. Vieri se crée une énorme occasion suite à un cafouillage sur corner, mais rien ne bouge.

En deuxième mi-temps, l'Italie tente de faire rapidement le break sans succès. Les norvégiens savent que le match leur échappe: ils tentent alors de le dominer sans pour autant commettre une autre erreur de distraction qui leur à coûté si cher en première mi-temps. Et à moins de vingt minutes de la fin ça marche! Mikhland centre et Tore Andre Flo, parfaitement placé, fait une tête magistrale qui...non! Qui n'égalise pas! Car Pagliuca réalise le plus bel arrêt du mondial: un réflexe dans le soupirail qui bloque le ballon. C'est fini. Les norvégiens ont laissé passer leur chance: ils ne se créeront plus une seule occasion. L'Italie, sereine, tranquille, dégage une impression d'invincibilité aussi agaçante que subjugante. Et ce match se termine exactement comme prévu au départ: 1-0 pour l'Italie après une rencontre fermée, austère mais irréprochable sur le plan tactico-physique. La Norvège quitte sans honte ce mondial qu'elle a marqué par sa qualification surprise et son honnêteté avec elle-même: elle ne s'est jamais prise pour ce qu'elle n'était pas et a été vaincue simplement par plus fort qu'elle...

31Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Mer 1 Juin 2016 - 3:40

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Même soir, Parc des Princes. L'affrontement entre le Brésil et le Chili est le seul huitième de finale totalement sud-américain et s'annonce comme le miroir du précédent avec deux équipes connues pour leur jeu offensif et agréable. Sur le papier les chiliens n'ont aucune chance mais ils ont su sortir d'un groupe difficile invaincus et ils ont manqué d'un rien de battre l'Italie. Du côté brésilien la défaite face à la Norvège a été vécue comme une bonne piqure de rappel malgré l'absence d'enjeu: on sent que cette équipe va se faire un devoir de dérouler un football de rêve face à un adversaire qui, malgré sa vaillance, semble limité dans toutes ses lignes... Et le début du match déjoue totalement les pronostics: les chiliens ne laissent pas leur part aux chiens, prennent le jeu à leur compte et dominent leurs adversaires! Devant, Zamorano est en grande forme et Salas semble prêt à guetter la moindre occasion. Comme prévu le match est aux antipodes de celui de Marseille: ça joue vite, ça joue rythmé, ça joue offensif, ça s'accorde avec les couleurs chaudes et vives des maillots... Mais les brésiliens inquiètent réellement: ils sont surpris par le rythme, amorphes, dominés au milieu, et il leur faut attendre dix bonnes minutes pour se procurer une occasion sur un coup franc excentré de Dunga. Et c'est la bonne! Seul aux six mètres, César Sampaio place une tête imparable et crucifie le Chili. A 1-0 contre le cours du jeu, les chiliens ne changent rien: ils continuent d'attaquer et font des efforts méritoire pour tenter d'égaliser. Seulement on a l'impression que ce but a réveillé les brésiliens qui essaient petit à petit de mettre leur patte sur le match. C'est encore timoré, c'est inhabituellement fragile techniquement mais ça commence à se voir. De plus on sent que Ronaldo en a marre de se faire faire de l'ombre par son ami Zamorano... Vingt septième minute, bon coup franc pour Roberto Carlos: sa frappe raz de terre très puissante est contrée plusieurs fois et revient dans les pieds de César Sampaio qui, à l'entrée de la surface de réparation, prend Tapia à contre-pied et signe son doublé. 2-0! Ce n'est pas franchement la plus belle mi-temps de tout le mondial mais les brésiliens sont vraiment bluffants d'efficacité... Et ça continue! A juste avant la mi-temps Ronaldo est crocheté par Tapia dans la surface de réparation. Il tire lui même le pénalty et le transforme bien que Tapia ait touché le ballon. 3-0! Et le pire c'est qu'on n'a pas l'impression que le Chili a été particulièrement dominé...

La deuxième mi-temps reprend et là, changement de décor! Le Brésil redevient le Brésil et donne son plus beau récital depuis le début du mondial: ça joue de partout, ça accélère de partout, c'est un festival de passes redoublées, de gestes techniques d'un autre monde: on a l'impression d'être sur une autre planète! Les montées de Leonardo (phénoménal tout au long du match dans ce stade qu'il connait si bien), de Roberto Carlos voire même de Cafu ou de Dunga sont un régal pour les yeux: le Chili est à l'agonie. Sur une action mirifique Ronaldo trouve le poteau. Les occasions s'enchainent, le Brésil est omniscient. Le mérite, l'immense mérité!, des chiliens est de ne jamais renoncer, de toujours tenter de relever le défi et de le faire avec un certain talent qui force le respect... A la soixante neuvième minute ça paie! Salas, à l'origine de l'action sur une talonnade géniale, est encore à la conclusion après que la tête de Zamorano ait été contrée par Taffarel. 3-1: pendant deux minutes les chiliens y croient, poussent avec une énergie magnifique, mais la réponse brésilienne est cinglante!.. Une contre-attaque parfaitement menée permet à Rivaldo de décaler Ronaldo qui d'une frappe croisée, tue le dernier suspense: 4 à 1: la Brésil était décidément trop fort pour le chili. Ronaldo aurait même pu signer son triplé sur un centre parfait de Roberto Carlos, mais la barre en décida autrement et, derrière, Leonardo croisa légèrement trop sa frappe ce qui le priva d'un but qui aurait récompensé ses efforts. Mais ça aurait été dur pour le Chili qui, à 4 à 1, quitta la compétition sur une lourde défaite mais la tête haute: les chiliens n'ont jamais démérité, ils ont toujours été dignes et n'ont pas chougné dans la défaite (les images de la fin du match sont parlantes mais démontrent peut-être un peu trop de bonne humeur: les chiliens sont-ils vraiment entrés sur le terrain avec la ferme intention de gagner? il est permis d'en douter...). Salas a marqué quatre buts et démontré, comme Zamorano, une volonté et un talent de tous les instants. Le Brésil, réaliste en première mi-temps, irrésistible en deuxième, a parfaitement réagi après sa défaite et regarde l'avenir très confiant: cette génération est sa meilleure de la décennie et il faut remonter à la grande équipe du début des années '80 pour trouver trace d'une pareille aisance technique...

32Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Mar 5 Juil 2016 - 23:12

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28 juin, Lens, stade Félix Bollaert. Toute la France attend avec impatience son équipe au tournant des matchs à élimination directe. Quoique sorti du "groupe de la mort", le Paraguay a été discret jusque là. Trop discret... Il fait très chaud dans le Nord, le soleil est au rendez-vous, le public lensois est de bonne humeur, Fabien Barthez fête ses vingt sept ans: personne n'imagine que l'aventure puisse s'arrêter là...
Ce sont pourtant les paraguayens qui, paradoxalement, lancent les premières attaques: le temps pour Barthez de se faire quelque peu peur avec ce soleil aveuglant puis de se rattraper sur une prise aérienne parfaite, et les Bleus prennent le match en mains avec un pressing haut et une nette supériorité technique au milieu. Seulement voilà: les paraguayens sont très bien placés en défense et dans les buts, Jose Luiz Chilavert harangue et joue la montre à fond dès qu'il le peut (bien que cette attitude lui vaille un carton jeune précoce pour comportement anti-sportif). Aux environs du quart d'heure, tout s'accélère: les Bleus se créent trois occasions quasiment coup sur coup: une frappe "surprise" de Trézéguet dans le petit filet, un tir brossé de Diomède sorti du bout des gants par Chilavert, une merveilleuse frappe enroulée de Djorkaeff (excellent en l'absence de Zidane) juste à-côté. Le Paraguay échappe au pire...et c'est précisément ce qu'ils attendaient. Le match haché, tendu, très engagé: passionnant à suivre. On ne s'ennuie pas une seconde. Sur une montée sur corner, Laurent Blanc se voit à tort signalé hors-jeu alors qu'il allait offrir le but tout cuit à Trézéguet. Henry se donne beaucoup, il est de toutes les bagarres (au sens sportif s'entend) mais Diomède déçoit: au fil du match, il s'éteint complètement. Et malgré les montées de Deschamps et leur domination totale, les Bleus doivent faire très attention à ces paraguayens qui sont prêts à surgir comme des diables. Un contre fulgurant surprend Thuram et Desailly mais Barthez, parfaitement placé, stoppe la frappe de Cardozo: c'est le moment où le Paraguay presse...et soudain Lisarazu, tacle Benitez et offre un contre imparable à Henry qui voit son tir repoussé par le poteau! Catastrophe! L'ouverture avait été trouvée... La mi-temps est atteinte et les chants commencent à s'étouffer: les Bleus sont marqués, les Bleus n'ont pas marqué mais surtout, ça se ressent, les Bleus sont inquiets...
Alors ils réattaquent en trombe! Mais le Paraguay tient bon, jouant probablement l'un des meilleurs matchs de son histoire: Chilavert est en fait peu sollicité: les défenseurs font des merveilles à l'image d'Acuna et du milieu Gamarra lequel, sur un coup franc d'Arce, manque de crucifier les français... Le mach rentre alors dans une autre dimension: l'intensité dramatique s'intensifie de plus en plus, particulièrement après l'heure de jeu. Henry, blessé, doit sortir, Diomède aussi (remplacés par Pirès et Guivarc'h qui tentent à leur tour de secouer la défense paraguayenne). Petit, monstrueux, s'épuise: il est remplacé par Boghossian qui apporte un nouveau plus offensif. Mais, derrière, heureusement que les défenseurs assurent le travail, en particulier Blanc, car les ud-américains sont tout sauf inoffensifs... Le match est une attaque-défense grandiose et pathétique: Djorkaeff se multiplie à tous les coins du terrain mais il est pris par jusqu'à quatre défenseurs et ses prouesses techniques ne payent pas, pas même sur une superbe frappe lointaine détournée de justesse Ayala. Sur un centre de Pirès, Gamara touche le ballon du bras: involontaire selon l'arbitre qui ne siffle pas pénalty. et dès que les Bleus prennent à revers la défense il faut encore passer l'obstacle Chilavert... Pirès essaie, sans succès. Trézéguet aussi qui, lui, réussit, et glisse parfaitement le ballon, non!!! juste à-côté... le match s'écoule, le Paraguay sent l'exploit: c'est terminé: 0-0, prolongation...
Le système de la "mort subite" (un but et le mach est terminé) ne fait pas l'unanimité mais dans ce cas il nous fait encore plus peur. Car le Paraguay attaque le premier et Barthez est vigilent au moment d'accompagner à-côté de ses buts une frappe du dantesque Acuna. Les français sont dans l'urgence: ils redoutent encore plus que la mort subite la mort lente des tirs au but que Chilavert a promis avant le match. Centième minute: coup-franc parfaitement placé pour Djorkaeff. Sa frappe est quasiment parfaite, à peine déviée par le mur...et Chilavert réussit une nouvelle fois l'exploit de la détourner. 0-0 après le premier quart d'heure.
Le plus grand mérite des Bleus épuisés est peut-être de continuer à attaquer, d'espérer sans faiblir que ça finira par payer. Boghossian est devenu un attaquant et Blanc, tout de rage, s'est reconverti milieu offensif. Mais ça ne paye toujours pas... Cent quatorzième minute: un ballon haut de Boghossian est mal repoussé par un Gamarra éreinté, récupéré par Pirès qui navigue dans la surface, donne un ballon piqué pour Trézéguez qui, avec une lucidité hallucinante, se contente de dévier la balle pour Laurent Blanc lancé qui fusille Chilavert: c'est gagné!!! Après un match hallucinant et une prolongation dingue, la France se sort de l'enfer! 1-0, les paraguayens sont effondrés mais ils quittent ce mondial tête très haute, vaincus par plus talentueux mais surtout plus acharnés et "têtus" qu'eux: la morale sportive a triomphé. Messieurs: MERCI!


France-Paraguay fait partie de ces matchs dont je me souviens encore aujourd'hui où j'étais, ce que j'ai ressenti: d'abord excédé par Chilavert, puis surexcité et de plus en plus en proie au doute, je me souviens de l'endroit précis où je me trouvais lors du but de Laurent Blanc, les premiers gestes d'exultation, les odeurs que j'ai senties. Je sais même (et promis je ne l'ai pas revérifié ni calculé) que c'était un mercredi: qui a dit que le sport n'est pas facteur de merveilleux souvenirs (et c'était loin d'être fini)?..

33Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Ven 31 Mar 2017 - 5:14

Sudena

Sudena

Même soir, Stade de France: Nigéria-Danemark est sur le papier le huitième de finale le plus déséquilibré de la compétition (si on excepte le Brésil-Chili de la veille). Le Nigéria, sorti premier du "groupe de la mort", a montré durant cette compétition tout son savoir-faire technique doublé d'une puissance physique remarquable. Les tensions d'avant-mondial ont été balayées par l'entente sur le terrain avec des joueurs étincelants individuellement et qui sont _alors que c'était là la principale réserve émise_ parfaitement capables de jouer ensemble. Côté danois, l'équipe est certes rigoureuse, semble posséder un certain savoir-faire technique, mais dépend trop du rendement des frères Laudrup et n'a montré qu'en première mi-temps face à l'Afrique du Sud un sens du jeu et une intelligence situationnelle constante. On espère néanmoins un match spectaculaire car Milutinovic a pointé du doigt la faiblesse de son équipe: une défense quelque-peu élastique et une tendance à mal débuter les matchs. Au programme donc: des buts, des attaques, de la technique, un dernier baroud d'honneur des frères Laudrup mais un match néanmoins déséquilibré. On aura tout ça et même plus...et pourtant on est à cent lieues d'imaginer ce qui va se passer...

Dès le coup d'envoi les danois tentent de prendre le terrain. Un peu à la surprise générale ils n'attendent pas leurs adversaires et quelque-chose dans leurs passes semble plus "assuré", plus déterminé, que ce à quoi ils nous avaient habitué. Et ça paye très vite! dès la troisième minute une longue ouverture en diagonale trouve Michael Laudrup qui, d'un splendide extérieur du gauche en retrait trouve Moller à l'entrée de la surface. Sans contrôle, celui-ci enchaîne d'un autre splendide extérieur du gauche au raz du poteau de Rufai: 0-1. Magnifique! Et ça continue exactement sur le même rythme: les danois régalent, produisant un football de rêve avec un placement collectif proprement génial: ils étouffent des nigérians déboussolés qui sont réduits à attendre que l'orage passe... Okocha semble néanmoins dans un bon jour et accélère deux trois fois, sans danger pour la défense viking, du moins pour le moment. Le jeu s'est un peu rééquilibré mais il reste dominé par les danois qui obtiennent un bon coup franc à vingt mètres des buts alors que nous jouons depuis seulement onze minutes. Moller envoie une frappe surpuissante que Rufai repousse...mais le seul qui suit l'action, c'est un danois et pas n'importe lequel: Brian Laudrup himself qui crucifie le pauvre gardien nigérian et double la mise! 0-2 et c'est tout à fait mérité! Sur le renvoi Finidi frappe aux vingt mètres et contraint Schmeichel à un bel arrêt. Cette frappe annonce la révolte du Nigéria: vexés par ce départ catastrophique les africains mettent le pied sur le ballon et font admirer l'étendue de leur supériorité technique. Come surpris par ce départ trop beau, le Danemark se replie en défense et s'offre ainsi aux accélérations de son adversaire, en particulier Okocha qui étincelle de mille feux et met au supplice les défenseurs par ses feintes d'extraterrestre. Mais il n'y a pas grand-monde au centre où les défenseurs danois relèvent et dominent le défi physique. Et quand le Nigéria tente des frappes lointaines le cadre se dérobe... Le match est superbe, vivant comme pas autorisé, et on sent que l'avantage du Danemark est loin d'être irréversible. Seulement force est de reconnaitre que les occasions ne sont pas légions: il y en a bien quelques unes, et encore plus de situations potentiellement dangereuses, mais on ne sent que très rarement les danois sur le point de craquer. Et juste avant la mi-temps c'est le Danemark qui se crée une superbe occasion sur un contre conclu par Moller dont la frappe est bien stoppée par Rufai. Et on se rend compte que les occasions de creuser l'écart ont été presque aussi nombreuses que celles de le réduire...
La deuxième mi-temps repart avec des nigérians décidés à attaquer de façon plus collective et à étouffer les danois jusqu'à ce qu'ils craquent! Le problème, c'est que les danois ont profité eux aussi de la mi-temps pour se dire que l'exploit est à leur portée et que reculer face à des artistes dont le danger peut venir de partout n'est pas franchement une bonne idée... Aussi est-ce à un superbe affrontement collectif que nous assistons au sortir des vestiaires...sauf qu'il ne dure même pas dix minutes, et que nous voyons, estomaqués, les nigérians se faire proprement écraser! Parti sur l'aile droite, Brian Laudrup adresse une merveille de centre-tir lobé qui mystifie complètement Rufai qui est sauvé par sa transversale! A part Okocha les nigérians ne savent plus où donner de la tête: le Danemark archi-domine, donne un récital merveilleux qui enchante les esthètes et les chantres du football collectif où chacun met son talent au service de l'équipe sans se prendre pour meilleur qu'il ne l'est. Et le banc dans tout ça? c'est encore mieux: à la cinquante huitième minute, Sand remplace Moller. Sur la touche qui suit Michael Laudrup lui adresse une merveille de petite louche en profondeur qu'il contrôle en pleine course avant de dribler en l'air Taribo West et de crucifier Rufai au raz du poteau: 0-3: du bonheur! Okocha tente une dernière prouesse technique mais sans succès: le Nigéria se perd corps et bien et on se rend compte que face à un collectif intelligent et déterminé cet asemblege de talents était néanmoins très friable psychologiquement. A moins d'un quart d'heure de la fin, alors qu'il n'y a plus qu'une équipe sur le terrain, une autre action d'école permet à Helveg de clouer définitivement au pilori les nigérians, lesquels réagissent pourtant sur le renvoi avec un but de Babangida dont la volée ratée a surpris Schmeichel. 1-4: les africains essaient de sauver l'honneur face à une défense en roue libre depuis plusieurs minutes, mais là où le Danemark impressionne vraiment tout le monde, c'est qu'il ne se laisse pas faire, joue le jeu jusqu'au bout, se créant deux fois plus d'occasions deux fois plus nettes que son adversaire et étant même privé d'un pénalty flagrant. Qu'importe: 1-4 score final, la fessée est terrible pour le Nigéria, d'autant plus que le score n'est même pas sévère: les danois auraient pu marquer un ou deux buts de plus que ça n'aurait été que le strict reflet de sa supériorité. On attendait un match déséquilibré? On l'a eu...mais pas dans le sens qu'on croyait: ces vikings ont ébloui le monde entier et impressionné absolument tous les spécialistes: face à une équipe aussi complète le Brésil aura une opposition très sérieuse: les auriverde sont prévenus. Mais quelle sensation et quelle beauté que ce match! une merveille de A à Z, des occasions, des buts, une technique collective grandiose, un résultat moral, complètement imprévu mais totalement mérité. Oui: le Danemark est de retour au premier plan! Et oui: il peut parfaitement être champion du monde!..

34Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Jeu 11 Mai 2017 - 17:00

Sudena

Sudena

29 juin, Montpellier, stade de la Mosson. Un match des plus intéressants ou du moins des plus intrigants est au programme: Allemagne-Mexique. Les puissants allemands, forts de leur moral d'acier, de leur masse musculaire et de leur expérience vont devoir affronter le très attachant Mexique au jeu excentrique et à l'état d'esprit remarquable qui a réussi à tenir la Hollande en échec au premier tour... Les pronostics sont largement en faveur des allemands mais il se dit que ces-derniers ne sont pas à l'abri d'un piège... Le début du match est équilibré et actif: dans la chaleur étouffante de ce beau jour d'été les allemands essaient de s'accaparer le milieu et de presser assez haut, mais les mexicains ne s'en laissent pas compter et lancent les premières offensives, sous la houlette d'un Blanco encore en super-forme qui tente une nouvelle fois son dribble fou ballon coincé entre les pieds et sautant entre deux défenseurs (hélas il perdra le ballon faute de soutient). Les allemands lancent aux-aussi leur premières offensives et dominent le match à-partir du quart d'heure, seulement le nombre d'occasions est très équilibré de part et d'autre: Köpke n'est pas le gardien le plus fiable du monde sur les tirs tendus ou flottants mais la puissance et la détermination des allemands contraint Campos à plusieurs sorties loin de son but dont il a le secret. Campos est d'ailleurs le facteur clef de la résistance mexicaine: sa sûreté dans les balles aériennes rassure tout le monde et les allemands ont du mal à passer également Suarez, défenseur au travail de l'ombre mais redoutable et irréprochable depuis le début de la compétition... Il ne faut pas croire que les mexicains sont amorphes: oh que non! Les raids en contre-attaque menés par Garcia-Aspe, Blanco ou Bernal (qui monte en régime après un début de match hésitant) perturbent les solides mais lents défenseurs allemands. Néanmoins les allemands mettent de plus en plus leur patte sur le match et à la trente-neuvième minute ce qui devait arriver arrive: Klinsmann échappe à la vigilance des défenseurs aztèques et fait un centre lobé au-dessus de Campos que Bierhoff conclut tranquillement...non! Sa tête s'écrase sur la barre transversale! Les mexicains ont eu chaud...et ils repartent tout de suite à l'assaut: une merveille de combinaison collective ouvre le but à Palencia et Köpke est obligé de sortir le grand jeu pour arrêter le tir: en deux minutes on a eu l'essentiel de cette première mi-temps résumé. Et les allemands commencent à devenir nerveux: ils sentent que les mexicains sont vraiment venus pour gagner et qu'ils prennent confiance... C'est alors que le match connaît son premier tournant: juste avant la mi-temps le Mexique récupère le ballon près de sa surface et lance la contre-attaque. Hamann, dernier défenseur, pris dans le dos par Hernandez, le descend au niveau de la ligne médiane: l'arbitre siffle...et lui met un simple carton jaune. Les allemands ont eu très chaud car une faute comme celle-ci vaut normalement une expulsion. La mi-temps est sifflée et le 0-0 laisse libre toutes les spéculations: les allemands dominent, certes, ils ont même eu des périodes de domination outrageantes, mais les mexicains n'ont finalement concédé que peu d'occasions nettes et en ont même eu deux ou trois presque aussi dangereuse...

Et la deuxième mi-temps confirme cette impression bizarre: le Mexique prend le jeu à son compte: les défenseurs montent de quelques mètres et Hernandez redescend un peu pour prêter main-forte à ses milieux. Ca met tout de suite la Manchäft mal à l'aise et deux minutes après la reprise Blanco navigue au milieu des défenseurs allemands et sert parfaitement Hernandez, décalé. Le blond mexicain humilie Wörns d'un dribble et croise parfaitement sa frappe dans le petit filet opposé. 0-1! Et on ne peut pas dire que ce soit volé!.. Ce but annonce une période extraordinaire que personne n'avait prédit: les allemands, complètement déboussolés, sont incapables de réagir! Et le Mexique s'en donne à coeur joie! C'est un véritable bonheur que de voir ces mexicains sur un nuage, multipliant les combinaisons léchées, les dribbles d'un autre monde et les situations dangereuses devant le bu de Köpke: Mathaüs est pris, Babbel est humilié, Köpke essaie de surnager mais seul Wörns est en l'état de tenir la baraque!.. Pendant dix minutes les allemands ne sortent pas de leur camp. Sauf qu'ils n'encaissent pas de but et qu'on se dit que dès qu'ils vont sortir ça peut faire mal... Tu parles Charles! Ah oui les allemands finissent par sortir mais derrière ils se trouvent face au problème Suarez qui met complètement les latéraux dans sa poche: pour passer il faut l'éviter...or il est partout! Campos, lui, assure su les longues balles et l'heure de jeu passée le Mexique lance une nouvelle attaque plein champ: Arellano part en contre et frappe sur le poteau! il récupère et centre pour Hernandez seul face au but, mais catastrophe! le centre est un poil trop en retrait et Hernandez n'arrive pas à ajuster sa frappe qui est sauvée par Köpke. Un temps déconcentrés par ce nouveau coup du sort les mexicains oublient Bierhoff qui, fort heureusement, ne cadre pas sa tête. Oui je sais: je suis partisan. Mais je défie quiconque ayant vu ce match de n'avoir pas pris fait et cause pour ce Mexique merveilleux qui, au fil du match, réduit l'Allemagne à l'impuissance par son jeu totalement excentrique mais si technique et plaisant à voir. Blanco est partout: entre la touche et trois défenseurs allemands il a encore le dernier mot! Et que dire du monstrueux et si classieux Suarez? Seul petit problème: les défenseurs centraux commencent manifestement à fatiguer un peu: on le sait car on voit davantage Klinsmann au fil des minutes... Soixante quinzième minute: un énième centre semble offrir un ballon facile aux mexicains, mais Lara s'emmêle les pinceaux et Klinsmann fusille Campos à bout portant: 1-1! Dire que c'est immérité est un euphémisme: ce but sort de nulle-part, n'est pas le fruit d'un quelconque pressing même temporaire: c'est un pur miracle... Mais le plus incroyable est la réaction des mexicains: loin du coup sur la tête qu'on attendait, les voilà qui repartent à l'assaut: ils ont toujours bien fini leurs matchs et celui-ci ne sera pas une exception. Et revoilà les allemands pressés, oppressés sur leur but, à dégager le ballon n'importe où et à subir les coups de génie de Blanco, la vision du jeu de Garcia-Aspe, le danger permanent d'Arellano et d'Hernandez. Le plus inquiétant est qu'en attaque les allemands semblent à cours d'arguments: Suarez les a vaincus: leur seul espoir vient d'un éventuel centre... Quatre-vingt cinquième minute, les allemands font une de leurs rares incursions dans les trente mètres mexicains: Tarnat, refusant le un contre un face à Suarez qui a passé toute la mi-temps à l'humilier à ce petit jeu, change d'aile pour Kirsten qui centre. Bierfhoff surgit alors et place une tête imparable en pleine lucarne: 2-1! Incroyable! L'Allemagne, dominée, humiliée comme rarement à ce niveau de la compétition; vient de prendre l'avantage! Les mexicains ne s'en laissent pas compter: cinq minutes plus les arrêts de jeu: le match n'est pas fini! Ils repartent à l'attaque en jouant comme ils savent jouer, sans essayer de balancer. Merveilleux hommes! Merveilleuse équipe qui, au fin fond des arrêts de jeu, déboussole encore son adversaire et offre à Blanco l'occasion de centrer une dernière fois pour Carmona dont la tête, un peu en déséquilibre, est arrêtée par Köpke: si seulement il avait vu Hernandez, bien mieux équilibré, arriver derrière lui... C'est fini! L'Allemagne s'impose 2 à 1 et le plus invraisemblable est qu'il n'y a aucune explication "logique" à ce résultat: il semble que l'Allemagne a gagné...parce que c'est l'Allemagne, rien de plus. Le Mexique quitte cette Coupe du Monde sous les bravos: il nous aura enchanté par son jeu, son état d'esprit, son originalité à l'image de son maillot. Nous n'oublierons pas la hargne d'Hernandez (auteur de quatre buts), la classe de Blanco, les placements de Campos, l'efficacité discrète et irréprochable de Suarez, pas plus que ces actions et ces matchs à couper le souffle que ces joueurs nous auront offert. Merci messieurs: nous vous regretterons longtemps!.. Pour l'Allemagne l'aventure continue: au seuil des quarts de finale son efficacité s'annonce particulièrement redoutable, d'autant que l'adversaire, que ce soit la Roumanie ou la Croatie, semble largement à sa portée...

35Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Dim 4 Juin 2017 - 18:27

Sudena

Sudena

Même soir, Toulouse, Stadium Municipal. Le 100% européen Pays-Bas-Yougoslavie est un des huitièmes attendus avec le plus de curiosité, car depuis le début de la compétition il a été dit et répété que les hollandais veulent gagner le Mondial et que la Yougoslavie fait partie des outsiders très dangereux... Sauf que les yougoslaves n'ont pas montré grand-chose jusqu'à présent, hormis un match extraordinaire contre l'Allemagne qu'ils auraient dû vaincre. Les hollandais, eux, malgré un jeu léché et magnifique, n'ont gagné qu'un match sur trois mais ils ont néanmoins terminé premiers de la poule E, la plus relevée de toutes... On en est donc au stade des questions lorsque le coup d'envoi est donné...et dès les premières passes on sent une odeur particulière, cette certitude qu'on va s'ennuyer comme rarement à ce niveau de la compétition!.. On essaie de le nier, de voir dans le jeu équilibré la promesse de futures belles envolées, mais au bout de cinq minutes l'évidence se fait: les deux équipes sont non-seulement crispées mais complètement hors du coup. Les passes ne sont pas assurées, les transversales filent hors de limites du terrain, très loin du partenaire visé, les attaquants ne font aucun appel digne de ce nom: tout va de travers. Une physionomie globale dans tout ça? même pas: la Yougoslavie lance les deux/trois premières attaques puis se replie sans qu'on sache si c'est un calcul ou une faiblesse, les Pays-Bas prennent le contrôle du milieu mais se trouent sur les derniers gestes: rien ne va. Néanmoins il semble que les yougoslaves ne sont vraiment pas en forme: ils laissent les attaquants hollandais seuls, ils ratent leurs relances et si le fait de jouer dans leur camp est visiblement plus ou moins voulu (ils considèrent avec raison qu'ils n'ont que peu de chances d'avoir le ballon face à ces hollandais et qu'ils les mettront plus en danger avec des contres), leurs contres ne sont ni rapides, ni tranchants, ni rien du tout: ils ont l'air de ne pas y croire. Or après vingt cinq minutes d'ennui pur, total et entier, les hollandais se réveillent et passent à la vitesse supérieure: ils ont manifestement vu que la faiblesse de leurs adversaires n'était pas feinte et ils décident de les harceler plus avant... Davids lance la première flèche, bien repoussée par Krajl, puis c'est Jonk qui s'y met: à-partir de la demi-heure il n'y a plus qu'une équipe sur le terrain: la Yougoslavie agonise dans toutes les lignes et le seul qui tente désespérément de surnager est Mihajlovic qui s'oppose seul aux velléités d'une Hollande pas géniale mais oppressante pour une équipe en perdition. A la trente septième minute, ce qui devait arriver arriva: Bergkamp récupère une longue ouverture de Frank de Boer (qui n'a presque rien eu à faire en défense), humilie Mirkovic au contact et frappe au premier poteau à raz de terre: Krajl n'a pas la main assez ferme pour arrêter le tir et les Pays-Bas mènent en toute logique 1 à 0. La fin de la première mi-temps est un calvaire pour les yougoslaves qui donnent l'air d'avoir avalé un seau de tranquillisants et qui sont totalement perdus sur le terrain, infoutus de faire autre-chose que de dégager en catastrophe. Les hollandais ont plusieurs fois l'occasion de sceller leur destin mais, un peu trop "légers", ils gâchent plusieurs situations soit par zèle, soit par maladresse, peut-être même par arrogance... Qu'importe: 1-0 pour les Pays-Bas à la mi-temps: on s'est ennuyé ferme mais on a l'impression que le match est déjà plié...

Qu'a bien pu dire Slobodan Santrac dans les vestiaires pour remotiver ses joueurs? La question mérite d'être posée car dès le coup de pied de renvoi il est clair que la Yougoslavie est dans de toutes autres dispositions, en particulier au niveau de l'agressivité. Pour revenir au score les yougoslaves n'ont pas le choix: il faut désormais accepter de prendre le jeu à son compte et on découvre vite qu'ils en sont parfaitement capables et qu'ils viennent titiller l'arrière-garde hollandaise. Il ne faut pas cinq minutes pour que ça paye: quarante-neuvième minute, coup franc excentré tiré par Stojkovic au deuxième poteau où Komljenovic devance Frank de Boer de la tête et glisse la balle dans le soupirail. 1-1! A-partir de là les deux minutes les plus dingues du Mondial vont commencer qui seront le tournant du match: les hollandais n'ont pas le temps de comprendre ce qui leur arrive que els yougoslaves sont repartis à l'attaque et que Stam, devancé par Jugovic, lui tire le maillot dans la surface. Pénalty! Une minute après l'égalisation les yougoslaves ont l'occasion de renverser complètement la situation et ce pour une faute totalement incontestable!.. Le capitaine Mijatovic tire en force...sur la barre transversale! Les hollandais contre-attaquent immédiatement mais Bergkamp se fait donner une leçon de défense par Mihajlovic qui, près du poteau de corner, le devance avec une facilité insolente. Enervé, le génie hollandais commet une faute...et lui écrase le ventre pour faire bonne figure! L'arbitre siffle. Pour tout le monde c'est le carton rouge assuré, mais Bergkamp est un monsieur trop gentil et il ne se voit qu'averti verbalement... Le choc est rude pour la Yougoslavie: un pénalty rate et un carton rouge archi-mérité non mis en deux minutes, d'autres ne s'en seraient pas relevé... Mais ce concours de circonstances leur montre au-contraire que ce match est à leur portée: pendant dix minutes les hollandais sont totalement perdus, outrageusement dominés, puis à la soixante sixième ils contre-attaquent...et Cocu rate d'un cheveu le cadre suite à un centre de Ronald de Boer. La Yougoslavie a eu chaud et se redispose en conséquence: même tactique qu'en première mi-temps: on attend dans notre camp et on est prêt à lancer des contre-attaques. Sauf que maintenant les contre-attaques en question n'ont plus rien de timoré et mettent au supplice l'arrière-garde adverse qui doit déployer des trésors de vigilance pour éviter le pire. Les Pays-Bas, eux, conscients d'être passés tout près de la correctionnelle, reprennent le jeu à leur compte, avec beaucoup plus de "vivacité "qu'en première mi-temps: furieux d'avoir perdu le contrôle d'un match qu'ils maitrisaient parfaitement ils lancent des attaques magnifique dans leur pur style "horizontal qui s'accapare la demi-terrain. Overmars est rentré mais c'est la sortie à dix minutes de la fin de Mihajlovic, secoué par l'agression de Bergkamp, qui leur donne plus de liberté offensive. Les minutes s'écoulent. Van der Sar est tout heureux de voir un lob de Sojkovic flotter trop longtemps avant de redescendre à cinq minutes de la fin, puis les hollandais se lancent dans l'attaque à tout va. Depuis un bon quart d'heure Davids est devenu un attaquant: les hollandais poussent, poussés par une terreur: la certitude qu'ils ne survivraient pas à la prolongation... C'est donc leurs dernières forces qu'ils jettent dans la bataille, avec Overmars au four et au moulin qui contraint Krajl à un sauvetage miraculeux au fin fond des arrêts de jeu. Sur le corner, Edgar Davids, à l'angle de la surface, frape du gauche de toutes ses forces: une frappe tendue déviée plusieurs fois qui meurt dans au fond des filets! 2-1! L'arbitre siffla la fin!.. Au terme d'un match incroyable au scénario hallucinant, la Hollande accède aux quarts de finale. Mais comme elle a eu chaud! Et combien furent belles la réaction et la résistance yougoslaves après une première mi-temps catastrophique. La Yougoslavie quitte la Coupe du Monde peut-être trop tôt mais la tête très haute...

36Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Jeu 14 Juin 2018 - 8:22

Sunil

Sunil
Administrateur

La suite, la suite !!

Et en attendant... c'est reparti pour un tour, allez les bleus !!!

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37Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Jeu 14 Juin 2018 - 13:49

Sudena

Sudena

Je m'y remets demain, promis! (en tout cas je vais essayer)

38Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Ven 15 Juin 2018 - 4:46

Sudena

Sudena

30 juin, Bordeaux, Parc Lescure. Roumanie-Croatie est, à-priori, l'affiche la moins attendue de ces huitièmes de finale: équipes de l'est de l'Europe assez méconnues, en pleine journée, et, qui plus est, le même jour que LA grande affiche qui se profile à Saint-Etienne. C'est donc avec une politesse curieuse que les spectateurs non-supporters s'installent dans le stade ou allument leur poste de télévision, redoutant une rencontre fermée et ennuyeuse qui semble inévitable tant les deux équipes se connaissent et ont l'occasion de parvenir en quarts dans une rencontre qui semblent à la portée de l'une comme de l'autre (même si, sur l'ensemble du premier tour, la Roumanie part légitimement favorite). D'emblée, l'esthétique de ce match défie l'ordinaire: entre le soleil aveuglant, le vert clair de la pelouse, les maillots jaune-fluo striés de rayures rouges sur les côtés des roumains (qui, de plus, sont tous décolorés en blond) et ceux, bleu-électrique avec un damier blanc et rouge sur les côtés, des croates, on a presque l'impression d'assister à un défilé de pop-art...mais les premières minutes démentent très agréablement les pronostics: le jeu est rapide, fluide, porté vers l'offensive, et ce sont les roumains qui prennent les affaires en main avec un milieu impressionnant et une recherche en pointe de Moldovan, soit de la tête soit pour remettre en retrait. Il faut cinq minutes aux croates pour sortir de leur camp...et ça manque de très peu d'être la bonne!.. Une merveille de contre-attaque léchée permet à Suker de se créer la première très grosse occasion de la partie, mais Stelea repousse par deux fois sa tentative et les roumains parviennent ensuite à se dégager. Pas pour longtemps: deux minutes plus tard Suker remet de volée en pivot pour Asanovic qui reprend en demi-volée du droit (son mauvais pied) à l'entrée de la surface de réparation: Stelea s'envole et repousse la frappe. Qu'à cela ne tiennent! C'est au tour de Vlaovic de se retrouver dans l'angle de la surface de réparation et de frapper à la perfection de l'extérieur du droit sous la barre transversale...mais,d e nouveau, Stelea s'envole et préserve sa cage. Nous jouons depuis dix minutes et le rythme du match a définitivement été donné: la Croatie joue à la perfection! Il s'agit, de loin, de sa meilleure prestation depuis le début de la compétition! Artistes du ballon, les croates font tourner en bourrique une Roumanie pourtant loin d'être amorphe mais qui a besoin de plus de temps et de maîtrise du ballon pour pouvoir produire son superbe football: elle n'est pas armée pour la contre-attaque et, avouons-le, Ilie n'est pas dans un bon jour... Aussi les croates s'en donnent-ils à coeur-joie, usant de leur tactique de "guêpe": petites touches de balle et projection ultra-rapide des attaquants vers l'avant (quand les milieux ne frappent pas de loin). Seul problème: Stelea livre une prestation parfaite et écoeure les attaquants croates. Bondissant, impeccablement placé, le gardien roumain tient la Croatie en échec en attendant une baisse de rythme dont pourraient profiter ses partenaires (et on sent qu'ils n'attendent que ça et qu'il suffirait d'une minute de moins bien pour que la Roumanie ne viennent assiéger le but de Ladic). Juste avant la mi-temps (mais que le temps est passé vite!..), Popescu ceinture Asanovic dans la surface. Pénalty! Suker prend son élan, tire à gauche du gardien roumain à raz de terre et au raz du poteau, le prend à contre-pied, et marque! Sauf que l'arbitre a sifflé... Boban a pénétré dans la surface avant le tir: le pénalty doit être retiré!.. Suker se présente à-nouveau. Il tire du même côté, moins bien placé mais beaucoup plus fort, et Stelea, parti du bon côté cette fois, ne peut rien faire. 0-1. Mérité! L'arbitre siffle la mi-temps.

Le début de la deuxième mi-temps est l'occasion du plus grand forcing coate: conscients qu'un seul but d'écart ne suffit pas, les joueurs à damier réattaquent pied au plancher! Stelea, lucide, n'est pas trompé par un lob à-moitié raté de Boban mais, sur un long centre de Stanic, Suker le devance et remet parfaitement la balle pour Vlaovic qui n'a plus qu'à pousser la balle dans le...non! Petrescu, revenu du diable vauvert plonge et enlève le ballon à l'attaquant croate!.. C'est alors que la Roumanie décide de se réveiller! Maîtrisant, d'une manière générale, mieux la balle que son adversaire, elle décide d'attaquer et de se porter de plus en plus à l'avant. Ce n'est pas très net dans un premier temps mais l'impression devient visible à-partir de l'heure de jeu. Seulement, encore faut-il passer l'obstacle que constitue la défense croate, particulièrement Bilic et Stimac, les deux défenseurs centraux qui dominent physiquement un Moldovan trop seul. La Roumanie joue bien, la Roumanie domine...mais la Roumanie ne se crée pas de véritable occasion... Une seule peut suffire me direz-vous, alors les joueurs des Carpates oublient toute prudence dans les dix dernières minutes et attaquent à tout va! Mais la Croatie tient parfaitement le choc et, au tout début des arrêts de jeu, ce qui devait arriver arrive: après une contre attaque fulgurante, Suker butte une première fois sur Stelea mais il récupère le ballon et sert sur un plateau Kpran face au but qui...non?!? Ne me dites pas que Stelea a ENCORE réussi à arrêter le tir?!! Et pourtant si! Le gardien roumain, surhumain, donne un dernier sursis aux siens, mais ceux-ci ne parviennent pas, au cours des deux minutes qui suivent, à renverser le cours de la situation et la victoire revient, fort logiquement, à cette magnifique équipe de Croatie qui se qualifie ainsi pour les quarts de finale. 0-1. Le seul regret est que le score du match ne reflète pas sa physionomie et qu'il donne à penser que ce huitième de finale a été le match tendu et austère annoncé, alors qu'il a été, tout au contraire, un match magnifique de bout en bout: toujours agréable, souvent superbe, parfois palpitant!.. Et attention, messieurs les allemands: ces croates ont une revanche à prendre par-rapport au sinistre quart du dernier Euro et ils ont largement les moyens de rivaliser avec vous...pour peu qu'ils fassent montre d'un peu plus de réalisme...


Ca va, mon Sunil, satisfait?..

39Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Ven 15 Juin 2018 - 4:49

Sudena

Sudena

Et, pour illustrer un peu mon propos, voici une photographie tirée de ce match (les couleurs ne sont-elles pas surprenantes?..):


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40Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Sam 16 Juin 2018 - 15:30

Sunil

Sunil
Administrateur

Sudena a écrit:Ca va, mon Sunil, satisfait?..
Voui... merci !!!

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41Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Dim 12 Mai 2019 - 1:05

Sudena

Sudena

Même soir, Saint-Etienne, stade Geoffroy Guichard. Argentine-Angleterre est LE match le plus attendu de ces huitièmes de finale. Les argentins ont montré depuis le début de la compétition l'un des footballs les plus agréables à voir: un jeu tout en verticalité et en profondeur, articulé autour des meneurs de jeu Juan Sebastian Veron et Ariel Ortega, avec une défense très solide qui n'a jusqu'alors encaissé aucun but et un buteur particulièrement redoutable en la personne de la star de la Fiorentina Gabriele Batistuta. Mais c'est toute l'équipe qui semble dangereuse, avec une puissance collective que seule la polyvalente France et la "chirurgicale" Hollande semblent posséder à un niveau semblable. L'Albiceleste part donc légitimement favorite..mais l'Angleterre, qui s'est coltiné un groupe plus relevé, semble parfaitement en mesure de rivaliser. Son dernier match, contre la Colombie, a ébloui le monde entier: cette équipe a plusieurs tours dans son sac et si sa base est bel et bien physique, elle a démontré une aisance technique et une propension à jouer en finesse très menaçantes pour ses futurs adversaires, d'autant plus que sa tactique assez simple est plus à-même de provoquer cet élan irrésistible ravageant tout sur son passage (elle a joué ainsi presque tout le match contre la Colombie)...

Le match part...et dès les premières secondes le parfum de la légende chuinte du terrain. Ca joue vite, ça joue bien, ça joue offensif, et il se dégage de chaque geste, de chaque course, ce je-ne-sais-quoi de magique promettant une rencontre d'anthologie. Et si la première situation chaude est à mettre au crédit de l'Angleterre avec une frappe fuyante de Le Saux que Shearer ne peut prolonger dans le but, c'est bien l'Argentine qui met le pied sur le ballon et domine le début du match, dans le sillage d'Ortega et de Simeone, le capitaine d'humeur très offensive. À la sixième minute, un centre aérien à l'entrée de la surface  de réparation permet à Batistuta de dévier subtilement de la tête le ballon vers Simeone qui tente de dribler Seaman, lequel, en plongeant, lui touche le mollet. Le geste est manifestement involontaire mais la faute n'en demeure pas moins réelle et l'arbitre n'hésite pas à siffler le pénalty. Logique. Batistuta tire en force, à raz de terre et à droite du gardien. Seaman plonge du bon côté, touche le ballon, mais le tir est beaucoup trop puissant... 1-0. Mérité! Derrière l'Albiceleste enchaîne, produisant un football de rêve avec en fer de lance le meneur de poche Ortega et ses dribles si insolites. Pourtant, trois minutes après l'ouverture du score, un ballon incertain au milieu du terrain est exploité par Scholes qui, de la tête, lance Michael Owen, lequel part  droit vers le but. Coupable de l'avoir laissé sans surveillance, Ayala revient à toute vitesse pour le rattraper mais le bouscule dans la surface de réparation. Pénalty! Les images montreront qu'en fait Owen a remarquablement joué le coup et a plongé sans être touché: comme quoi la rouerie n'a pas d'âge... Shearer transforme en force _ bien que Roa ait plongé du bon côté _ et l'Angleterre égalise à 1-1 après moins de dix minutes. Le match prend alors une dimension unique: une intensité et une justesse technique quine s'arrêteront pas pendant plus d'une demi-heure (!). L'Argentine maîtrise le milieu, maîtrise l'axe et le jeu au sol, et l'Angleterre, aussi icroyable que ça puisse paraître, joue en contre et domine au niveau des latéraux. Veron est en forme, Beckham aussi, et Owen empoisonne l'arrière-garde argentine. Seizième minute: Beckham lance Owen d'une petite passe en profondeur. Le petit attaquant part alors dans une course chaloupée, sème Chamot et Ayala et pique presque à l'aveugle son ballon sons la barre transversale, crucifiant Roa sorti à sa rencontre. 1-2. Exceptionnel!!. Michael Owen vient de marquer l'un des buts de la compétition...et les anglais se sentent pousser des ailes! Deux minutes plus tard, un nouveau corner repoussé par la défense est repris de volée par Ince juste au-dessus du but. Une nouvelle accélération sur la côté gauche et un centre d'Anderton et il faut l'excellent retour d'Ayala pour perturber Owen et l'empêcher de reprendre le ballon victorieusement. Et le pire, c'est que l'Argentine, malmenée, déroutée, joue l'une des plus belles premières mi-temps de son histoire; et sans aucun doute sa meilleure depuis le début de cette Coupe du Monde!.. Mais son jeu plus "léché" ne supporte pas les mésententes dans la dernière passe et Veron a un peu de mal à se faire comprendre de Lopez ou de Batistuta. Qu'importe: les milieux vont venir prêter main forte et apporter le surnombre plus près des trente mètres. Une petite passe géniale d'Ortega à la demi-heure est à-peine touchée par Tony Adams ce qui empêche Batistuta d'armer se frappe qui s'envole. Mais cette alerte annonce un retour à la domination sud-américaine. Un débordement de Lopez conclu par un centre en bout de course oblige Seaman à être vigilant. Le même Seaman manque peu après d'être surpris par un lob subtil légèrement contré de Zanetti (Seaman a souvent encaissé des buts sur des lobs: il n'en a jamais tiré la moindre leçon...). Quarantième minute: Seaman au dégagement envoie le ballon non-loin de la surface de réparation adverse où il est repris de la tête par Allan Shearer qui dévie juste dans la course de Paul Scholes qui, peut-être perturbé par la sortie de Roa et le retour d'Almeyda, croise juste un peut trop sa frappe... Quelle occasion!.. Et derrière l'Argentine réattaque et il manque juste quelques centimètres à Batistuta pour reprendre un centre tendu et fort d'Ortega. La mi-temps approche quand Saul Campbell commet une faute sur Veron à l'entrée de la surface de réparation. L'occasion idéale d'égaliser pour l'Argentine!.. Seaman place son mur tandis que Veron se prépare à tirer. Et là, les argentins vont nous offrir l'un des plus grands chefs d'oeuvre de finesse et d'intelligence de cette compétition. Se plaçant à-côté du mur anglais pour, apparemment, perturber Seaman, Zanetti en sort soudain alors que Veron a entamé sa course d'élan. Le meneur argentin, alors, au lieu de frapper, se contente de passer à son coéquipier qui, d'un extérieur du gauche magnifique en pleine lucarne opposée, crucifie le gardien anglais. 2-2. MAGIQUE! La mi-temps est atteinte sur ce score reflétant parfaitement ces quarante-cinq minutes de folie et tout le monde se prend à espérer que le match va continuer sur cette lancée. Il n'en sera rien! Et pourtant, de façon très différente, la deuxième mi-temps sera elle-aussi un sommet de ce jeu...

Dès la reprise, on sent les deux équipes plus "austères", plus conscientes de l'enjeu. Plus tendues aussi... Quarante-septième minute. Simeone percute violemment Beckham dans le dos. L'arbitre siffle et met la main à la poche pour distribuer un carton jaune fort mérité au capitaine sud-américain. Mais alors que ce-dernier recule, Beckham, au sol, prend sa revanche et lui fait un croc en jambe aussi stupide que malvenu. L'arbitre siffle immédiatement et expulse en toute logique le "Spice Boy". Ce carton rouge, aussi stupide que mérité, prive l'Angleterre d'un meneur...alors même qu'elle était déjà bien dominée au milieu. Pendant quelques minutes, les anglais essaient de presser et de marquer très vite...mais la première contre-attaque argentine est dévastatrice. Un long centre de Lopez côté droit est un petit peu trop fort pour Batistuta qui, dos au but sur la ligne de fond, réussit un retourné pour remettre la balle dans le paquet où elle est difficilement dégagée. L'action n'est néanmoins par terminée: le ballon est récupéré près de la ligne de touche aux trente mètres par Ortega qui centre pour Batistuta parti à la limite du hors-jeu qui place une tête d'un rien à-côté des buts de David Seaman. Deux minutes plus tard, une nouvelle pénétration argentine arrive jusqu'à Lopez qui centre juste avant que la balle ne sorte. Seaman est battu...et c'est Shearer (oui: Shearer!) qui sauve sur sa ligne juste devant "Batigol". Ces deux alertes successives sonnent comme un avertissement très net pour les anglais: plus question de laisser des espaces dans la profondeur! Ils se replient alors autour de Tony Adams, laissant juste Shearer en pointe et Owen au milieu. Les argentins possèdent le ballon en quasi-totalité, le récupérant presque toujours avant la ligne médiane. Le problème...c'est qu'ils ne sont pas prêts pour ce petit jeu d'attaque-défense. Contrairement à la Hollande, ils n'ont pas les joueurs pour jouer sur demi-terrain face à une défense à huit et ils s'enferment dans des centres improductifs et des pénétrations stoppées par les physiques défenseurs anglais. Pendant dix minutes le match s'endort...pour reprendre avec un délicieux crescendo d'intensité à-partir de l'heure de jeu. Crespo remplace Batistuta. Remuant et frais, il perturbe les défenseurs anglais...mais sans parvenir lui-non plus à trouver l'ouverture. Le destin roule encore lorsque les argentins sont frustrés d'un pénalty accordable sur une main d'Anderton jugée involontaire par mr Nielsen suite à un centre de ce diable de Crespo....qui est, en fait le seul attaquant de son équipe, Passarella ayant choisi de remplacer l'attaquent de poche Lopez par le meneur Gallardo. Compréhensible...mais insuffisant. Et à neuf minutes de la fin, sur l'une des très rares incursions des anglais dans le camp argentin (hormis un magnifique coup-franc de Shearer au début de la mi-temps boxé par Roa, les anglais ne se sont créé quasiment aucune situation dangereuse de toute la mi-temps), ces-derniers obtiennent un corner sur lequel Roa se troue: au deuxième poteau, Campbell marque de la tête dans le but vide et exulte...mais l'arbitre avait sifflé. Les images vont en effet révéler que si Roa s'était troué, c'était parce que Shearer l'avait bousculé en l'air (action classique en Angleterre mais interdite par le règlement). Sur la contre-attaque l'Argentine est tout près de crucifier l'Angleterre mais la géniale combinaison de Gallardo et de Crespo parti à contre-sens du jeu est annulée pour hors-jeu (une nouvelle fois Tony Adams avait parfaitement vu le coup). Les sud-américains se disent alors _ enfin!.. _ que le salut est peut être dans la frappe de loin. Mais ni Veron ni Gallardo n'arrivent à conclure ces belles intentions tant les anglais défendent bien et empêchent d'"armer" une quelconque frappe. C'est terminé. 2-2. Prolongations.

La mort-subite avait réussi l'avant-veille à l'équipe de France et, comme dans le match des Bleus, cette prolongation sera totalement du même acabit que le reste du match. l'intensité, qui était de plus en plus montée au fil des minutes, devient paroxystique. Le capitaine argentin Simeone, épuisé, sort, remplacé par Berti. Les anglais résistent encore et encore, guettant la faille. les argentins, monstrueusement courageux, attaquent toujours et acceptent de faire les frais du jeu, persuadés que ça finira bien par payer. À la cent-septième minute, on croit bien que ça va effectivement payer...pour les anglais: Paul Ince navigue au milieu des défenseurs argentins avant de déclencher une splendide frappe aux vingt mètres...juste à-côté des buts de Roa. Et on n'a pas repris note souffle que l'Argentine se crée à son tour une balle de match: une superbe passe en profondeur d'Ortega pour Crespo parti à la limite du hors-jeu prend à-revers la défense anglaise. L'attaquant de Parme, entre la sortie de Seaman et le retour désespéré d'Adams, glisse parfaitement le ballon...juste à-côté. C'en est trop pour les anglais qui décident de ne plus tenter le diable à dix contre onze et de se replier en attendant les tirs aux buts. Même physiquement ils commencent à être dominés: une ou deux fois Ayala (le capitaine de l'Albiceleste depuis la sortie de Simeone) prend le dessus sur des corners sans réussir pour autant à cadrer sa tête. L'Argentine pousse, l'Angleterre repousse. Les deux équipes rivalisent d'héroïsme...et les anglais gagnent leur pari: après cent vingt minutes d'un football de légende, aussi beau en première mi-temps qu'engagé en deuxième et fabuleux d'intensité en prolongations, les deux équipes se quittent sur le score de 2-2 et vont devoir se départager au tirs au but.
L'Argentine tire la première: Berti au raz du poteau à gauche de Seaman parti à contre-pied. 1/0!
Shearer, le capitaine anglais, au même endroit que lors de son pénalty en première mi-temps, sous la barre bien que Roa soit pati du bon côté. 1/1!
Crespo, tir à mi-hauteur à gauche de Seaman qui part du bon côté et sort cette frappe trop molle. 1/1! Balle de break pour l'Angleterre!..
Ince, au même endroit que Crespo, pour le même résultat: Roa part bien et repousse la balle. 1/1 toujours!..
Veron, en force sous la barre qui ne laisse aucune chance à Seaman parti du bon côté. 2/1!
Merson et, là, incident: Roa fait remarquer que l'anglais à posé le ballon devant le point de pénalty et demande à l'arbitre de vérifier. L'arbitre vérifie donc...et demande à Merson de bien vouloir replacer son ballon, ce-dernier n'étant effectivement pas sur le point de pénalty. L'anglais s'exécute...mais le replace cyniquement au même endroit!.. Roa interpelle alors l'arbitre qui choisit de ne pas insister (il met même un carton jaune au gardien argentin pour contestation [pour le coup il a raison]). Merson tire en force à mi-hauteur à droite de Roa qui plonge du bon côté et dévie le ballon, lequel rentre néanmoins d'extrême justesse. 2/2!
Gallardo, en force à raz de terre et du poteau droit de Seaman qui, malgré une superbe détente, ne peut toucher le ballon. 3/2!
Owen, en hauteur à droite de Roa parti à contre-pied. Le ballon touche le poteau mais rentre dans le but. 3/3!
On en arrive au dernier tireur...
Ayala, le capitaine argentin, en finesse à raz de terre à gauche du gardien. Seaman est pris à contre-pied. 4/3!
Batty, à mi-hauteur à droite du gardien. Roa bondit façon gardien de handball et repousse la balle. 4/3!
C'est fini! Au terme du plus beau et du plus riche match de cette compétition, l'Argentine bat l'Angleterre et se qualifie pour les quarts de finale! Les anglais ont offert une résistance héroïque et une leçon de courage physique et mental; mais la qualification de cette Albiceleste qui mêle talent individuels et puissance collective, le tout associe à un esprit de jeu et un moral absolument exemplaires, est néanmoins parfaitement légitime et méritée. Rendez-vous en quarts de finale, messieurs!..

42Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Jeu 31 Déc 2020 - 18:14

Sudena

Sudena

Avant d'entamer les quarts de finale, il est temps de faire un point sur les huit dernières équipes en lice. Car cette Coupe du Monde a cette particularité unique: tous les quarts de finalistes sont des prétendants très sérieux au titre!.. Il y a bien des favoris mais aucune équipe ne semble vraiment "en-dessous" et incapable de tenir sur la durée. Voyons tout cela d'un peu plus près...



-L'Italie. Objectivement, l'Italie est LA favorite de la compétition. Car elle ne présente aucun vrai point faible: sa maîtrise en défense est phénoménale, sa montée en puissance a été parfaitement calculée pour arriver au top lors de la dernière ligne droite, elle possède un milieu besogneux qui sait jouer plus bas ou plus haut selon les besoins du moment, ses latéraux sont des maîtres du un contre un et "annihilent" toute tentative de diversion, enfin, en attaque, la complémentarité du créateur Del Piero et du "bisonte" Vieri (co-meilleur buteur de la compétition avec déjà cinq buts à son actif) ne permet aucun "plan" pour les défenseurs adveres (en plus, vous l'auriez compris, d'un jeu de tête très au point). De plus, la profondeur de banc est remarquable: rien qu'en attaque, l'Italie peut compter sur une "pioche" aussi variée que Roberto Baggio, Enrico Chiesa ou Filippo Inzaghi...
La seule réserve qu'on peut éventuellement formuler sur cette équipe est l'absence de vrai créateur qui pourrait être préjudiciable si elle devait être menée au score.

-La France. Complète, très solide moralement, agréable à voir jouer et disposant du meilleur banc du monde, la France a passé un cap symbolique après son succès contre le Paraguay en dépit de la pluie d'infortunes qui s'est abattue sur elle: elle croit en sa chance!.. Le retour de Zidane la dote d'un vrai créateur autour duquel gravitent plusieurs milieux polyvalents et complémentaires, ses défenseurs sont non-seulement exemplaires mais ont de plus cette capacité unique de pouvoir très bien attaquer, son fantasque gardien est probablement le meilleur du monde: les Bleus présentent une génération combinant la générosité héritée des anciens et une toute nouvelle maîtrise qui semble éloigner le spectre de Séville...
Ses faiblesses sont, d'une part, l'absence d'un vrai "chasseur des surfaces": Guivarc'h est plus un relai qu'un finisseur, Djorkaëff est un milieu offensif, et les deux seule vrais attaquants, Henry et Trézéguet, sont très jeunes et on peut se poser des questions sur leur capacité à gérer la pression. D'autre part, sa force collective vient d'une cohérence globale dans la maîtrise du jeu et des duels: en cas de pépin à un endroit, le jeu pourrait se déséquilibrer et fatiguer plus que de raison les autres joueurs venus en "compensation"...

Le premier quart de finale est le plus alléchant de tous sur le plan tactique et physique. Entre deux équipes qui se connaissent par coeur (Thuram, Zidane, Deschamps, Djorkaëff, Candéla, Desailly et Boghossian évoluent dans le Calcio), cette affiche promet un sommet en terme de qualité de jeu pure...mais peut-être un match un tantinet fermé. Car les italiens en sont conscients: de tous les quarts de finalistes, les français sont probablement les plus aptes à les vaincre avec leurs défenseurs aguerris et leurs milieux créateurs, imprévisibles et dangereux de partout. La clef sera la capacité des français à prendre ou non le dessus au milieu, et conséquemment à imprimer un rythme élevé à la rencontre, qui pourrait perturber et fatiguer les solides mais "monolithiques" défenseurs azzuri. Néanmoins, si, intrinsèquement, il n'y a pas de favori, un facteur semble faire très légèrement pencher la balance en faveur des italiens: la fraîcheur physique. Ayant disputé un huitième de finale terriblement éprouvant _ qui s'est terminé en prolongation _ le lendemain des Azzuri, les Bleus pourraient accuser le coup en fin de match, d'autant plus que celui-ci se jouera, une fois de plus, en pleine journée, dans la chaleur du Stade de France...



à suivre

43Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Ven 1 Jan 2021 - 23:46

Sudena

Sudena

-Le Brésil. Le champion du monde en titre est encore l'attraction principale de cette Coupe du Monde tant il regorge de talents à tous les postes... Il s'agit sans aucun doute de la meilleure équipe technique de la compétition: les brésiliens peuvent faire la différence à n'importe quel moment grâce à leurs individualités de rêve et si Ronaldo est bien le joueur phare de cette compétition, d'autres se sont révélés tout aussi indispensables, particulièrement Rivaldo qui a gagné ses galons de titulaire à un poste très concurrentiel. Bebeto est un redoutable renard des surfaces, Denilson, remplaçant de luxe, cartonne à chacune de ses rentrées, et Roberto Carlos est toujours l'arrière le plus offensif au monde. Forts également sur les coups de pied arrêtés, les brésiliens sont aussi parfaitement armés pour les contres: le danger peut venir n'importe quand...
Pourtant les faiblesses de cette équipe sont patentes. L'ambiance intérieure est exécrable (principalement entre Dunga et Bebeto), ce qui fait du Brésil la moins bonne puissance collective de ces quarts de finale, le replacement défensif est pour le moins douteux, enfin, il ne semble pas y avoir de plan tactique global. Notoirement dilettante, le Brésil s'en remet exclusivement au génie de ses individualités. Sera-ce suffisant?..

-Le Danemark. Le boulet de canon de ces quarts de finale!.. Annoncés sur le déclin, les danois sont apparus en pleine lumière en anéantissant le Nigéria en huitième de finale grâce à un collectif sans faille où chacun sait très bien ce qu'il doit faire, avec en plus la dose de folie et de génie supplémentaire que savent apporter les frères Laudrup. Ce qui fait du Danemark une équipe très complète, alliant la rigueur et le physique nordiques à une imprévisibilité d'autant plus redoutable que l'équipe est très soudée...et a désormais conscience de son potentiel. Les danois font penser à un orchestre interprétant une symphonie concertante: tout le monde est en harmonie et les solistes subliment l'ensemble.
Mais n'est-ce pas trop l'effet d'un seul match?.. Les frères Laudrup vont-ils toujours trouver des relais aussi parfaits? Le moteur ne risque-t-il pas à un moment de chauffer?.. De plus, les défenseurs, aussi irréprochables soient-ils, n'ont pas de vrai "plus" et risquent d'être perturbés par des petits attaquants...



Le deuxième quart de finale est celui qui suscite le plus d'interrogations et de curiosités. Le Brésil part favori tant il semble supérieur en technique pure, mais les deux équipes sont tellement antinomiques dans leurs qualités (tout en étant, chacune, un vrai régal pour les yeux) que le résultat pourrait bien dépendre d'un coup de dés... En fait, la clef de ce match est le réel niveau de jeu du Danemark: si le huitième de finale était un exploit isolé et que les Vikings retrouvent leur niveau du premier tour, les Auriverde n'ont aucun souci à se faire; mais si, comme on le pressent, cette équipe vient simplement de se lancer, l'exploit est tout à fait à sa portée...

44Sur l'air d'"I Will Survive"... - Page 2 Empty Re: Sur l'air d'"I Will Survive"... Sam 2 Jan 2021 - 16:38

Sudena

Sudena

-Les Pays Bas. Lorsque les Pays Bas commencent à mettre en place leur jeu, ils correspondent à la définition généralement admise de "football de rêve". Une tactique en 4-4-2 pouvant en un instant se muer en 4-2-4 lorsque les latéraux viennent prêter main forte à leurs attaquants, une défense irréprochable articulée autour du capitaine Frank de Boer, le génie fantasque d'Edgar Davids, le retour de suspension de Kluivert qui va apporter un gros plus dans le jeu aérien, les Oranje contrôlent le ballon, contrôlent le jeu, et maîtrisent comme aucune autre équipe le demi-terrain, ce qui a, de plus, un effet décourageant pour l'adversaire qui a très souvent l'impression qu'il n'arrivera jamais à franchir la ligne médiane...
Si sa mécanique semble trop huilée pour être vraiment détraquée, la Hollande peut néanmoins être mise en difficulté par des techniciens purs ou une équipe en "coups de boutoir" (genre une défense très basse aux contres foudroyants, ou encore une équipe prenant un malin plaisir à "varier les dangers"...). De plus, sa technique collective merveilleuse est trop contraignante pour tenir tout un match: la Hollande a forcément des coups de moins bien dont un adversaire "moralement solide" pourrait profiter...

-L'Argentine. Depuis le début du Mondial, l'Argentine pratique le football le plus agréable et intéressant à voir. L'Albiceleste présente une force collective phénoménale, des défenseurs solides,  des attaquants on ne peut plus inspirés (particulièrement Batistuta, co-meilleur buteur de la compétition), et surtout deux techniciens absolument géniaux qui font la différence à chaque fois dans le un contre un et qui savent distribuent le jeu comme dans un rêve: Ortega et Veron. La tactique de l'Argentine est la verticalité: une ligne de défense relativement basse en charge de récupérer le ballon...et puis l'enfer s'abat sur l'adversaire: le milieux et les attaquants se "dispatchent" de tous les côtés et le danger arrive en quelques secondes sur l'adversaire...
Moralement très forte, l'Argentine a néanmoins révélé sa grosse faiblesse lors de l'historique huitième de finale contre les anglais: elle ne sait pas jouer sur demi-terrain. Elle peut, certes, maîtriser le jeu mais face à une défense très basse elle manque de gros frappeurs. Et, si elle sait être patiente, elle manque aussi un peu de puissance physique...



Catastrophe! Le troisième quart de finale oppose les deux meilleures équipes de la compétition _ les deux plus grandes forces collectives en tout cas _!.. Une de ces deux équipes quittera prématurément ce Mondial et aura un bilan mitigé que son extraordinaire qualité ne mérite certes pas!.. Opposition de style, ce quart de finale est alléchant...mais étrange. Car les Pays Bas sont exactement l'adversaire que l'Albiceleste sait vaincre, et l'Argentine est exactement le style d'adversaire qui convient à la tactique des Oranje... Les deux équipes vont donc pouvoir jouer sur leurs points forts et on peut raisonnablement s'attendre à ce que le jeu se passe très majoritairement dans la moitié de terrain argentine...ce qui ne serait pourtant pas nécessairement le signe d'une domination hollandaise... Beaucoup de questions donc pour ce quart de finale que les Pays Bas abordent très légèrement favoris en raison de leur fraîcheur physique nécessairement supérieure à celle d'une Argentine ayant disputé une prolongation éreintante le lendemain de son adversaire.

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